• Message aux diocésains suite au rapport de la CIASE  

    (CIASE :commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église)
    Aux fidèles du diocèse de Nevers
    Le 5 octobre 2021
    Frères et sœurs,

    La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, présidée par M. Jean-Marc Sauvé, vient de rendre public son rapport. Certains d’entre vous ont pu suivre la diffusion de la cérémonie de remise de ce rapport au président de la Conférence des évêques de France, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, et à la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, sœur Véronique Margron. Vous trouverez sur le site internet de notre diocèse ainsi que sur celui de la Conférence des évêques de France la réponse faite par Mgr de Moulins- Beaufort à M. Sauvé.

    Le constat que dresse ce rapport, dont il nous a été rendu compte dans ses grandes lignes, est effroyable. Il met au jour un ensemble de pratiques, de 1950 à nos jours, qui font honte à notre Église. Ce rapport a été constitué avec méthode et en associant diverses compétences. Il est fiable et d’autant plus glaçant de par l’ampleur des faits qu’il énonce. Le nombre estimé de victimes, mineures au moment des faits, est colossal : 216 000 pour les victimes de prêtres ou de religieux, 330 000 si l’on y ajoute les victimes de laïcs dans le cadre de leur mission ecclésiale. Quant au nombre de prêtres agresseurs, il s’élève à 3000 environ, c’est-à-dire à 3% du nombre de prêtres, de 1950 à nos  jours

    Ce ne sont que quelques chiffres, qui ne suffisent pas à dire et encore moins à expliquer ce qui s’est passé – et se passe encore même si plus de la moitié des agressions se situent entre 1950 (début de la période analysée) et 1969. Derrière les chiffres, il y a des vies, des vies parfois brisées. Derrière les chiffres, il y a des actes, pervers et violents. Derrière les chiffres, il y a des hommes, avec leurs névroses et leurs péchés.

    Derrière les chiffres, il y a aussi le fonctionnement d’une institution, la perversion d’un système de relations, des abus d’autorité, des abus de confiance, la mainmise sur des consciences, l’utilisation d’enfants comme objets sexuels
    jours.

    Ce rapport énonce des faits et des chiffres, mais il dénonce aussi des responsabilités. En premier celle des agresseurs, mais aussi celle des évêques qui ont fermé les yeux et protégé les agresseurs plus que les victimes. Et ce rapport pointe enfin la responsabilité de l’Église comme institution, dont le fonctionnement et parfois même une certaine théologie du sacerdoce ont permis ces dérives.

    Enfin la Commission a travaillé, à la demande même des évêques de France, à des préconisations pour l’avenir. Celles-ci rejoignent en partie les décisions que les évêques de France ont prises et commencé à mettre en œuvre depuis l’Assemblée plénière de mars dernier, mais d’autres vont plus loin et nécessitent un travail de notre part pour mieux ajuster notre réponse aux attentes des victimes et de la société elle-même.

    Cela demandera quoi qu’il en soit une profonde conversion des cœurs et un certain nombre de décisions institutionnelles. Nous en parlerons lors des prochaines assemblées plénières à Lourdes.

    Chers frères et sœurs, vous êtes profondément troublés et choqués par ces révélations. Moi-même, comme évêque, comme prêtre, comme homme, j’ai honte de tout cela. Notre diocèse n’a pas été exempt de ces drames, et il en reste de profondes blessures chez certains d’entre vous, témoins ou victimes de prêtres qui ont pu sévir dans des paroisses ou des institutions de notre diocèse.

    Quelques victimes se sont manifestées, mais bien d’autres ne l’ont pas encore fait ou ne le souhaitent pas. Je tiens à les assurer de ma proximité et de ma disponibilité pour les recevoir.

    Je sais que les blessures sont parfois irréparables. Je leur demande pardon au nom de toute notre Église et m’engage avec tous les évêques à avancer encore sur le chemin de la prévention et de la réparation de ces crimes, autant qu’il est possible.

    Les prêtres de notre diocèse, quant à eux, sont spécialement touchés par les révélations de ces agissements. Ils peuvent être blessés par des regards ou des discours qui les associent à leurs confrères fautifs. Il reste qu’au nom du Christ qui a porté les péchés qu’il n’a pas commis, nous devons porter tout cela dans l’humilité et mettre notre propre vie, pas toujours exemplaire, sous le regard de sa miséricorde.

    Il reste beaucoup de chemin à l’Église, notre Église diocésaine en particulier, pour devenir un signe visible du Christ Jésus. Son visage est trop souvent défiguré par ses disciples et ses
    ministres.

    Le Synode des évêques ouvert par le pape François, et notamment dans sa phase diocésaine, nous invite à renouveler en profondeur notre vie d’Église. L’Église est communion dans l’Esprit Saint, et c’est l’Esprit Saint qui doit imprégner, purifier, éclairer et vivifier toutes les relations.

    Sans lui, tout devient recherche de pouvoir et d’intérêt personnel. Sans lui, nous nous servons des autres au lieu de les servir. Sans lui, le meilleur est perverti. 


    Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire, dit une ancienne maxime. C’est le cas pour ces abus sexuels commis par des ministres du Christ. Le Seigneur, cependant, reste fidèle à son Église et lui donnera les moyens, si nous revenons à lui, de la rendre meilleure à partir de ce qu’elle a montré de pire.

    M. Sauvé, à la fin de son discours de présentation du rapport, a parlé d’espérance. Il a parlé en catholique, en chrétien. En catholique blessé, mais en chrétien confiant. Que le Seigneur donne ou rende force et espérance à tous ceux qui, comme lui, ont été ébranlés dans la confiance en leur Église.

    Thierry BRAC de la PERRIÈRE
    Evêque de Nevers
    "Dans la joie de l’Espérance" (Rm 12,12)
     

     


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  • Dimanche 2 octobre : le Synode


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  • Qu’il est dur de devoir rester encore enfermé, pendant que tout le monde peut désormais sortir ! La situation des personnes en EHPAD ou isolées chez elles reste difficile, et la période estivale, en l’absence de leurs familles, fait encore plus ressentir la solitude. Et cette année encore, il n’y a aura pas pour elles de pèlerinage à Lourdes, ce pèlerinage tant attendu d’année en année. L’an dernier, en raison du confinement, aucun pèlerinage n’était possible. Cet été, un groupe du diocèse partira pour Lourdes, du 2 au 7 août, mais avec seulement des personnes valides. Je souhaite donc que les pèlerins du diocèse soient particulièrement en lien avec ceux qui ne pourront pas partir. Ils emporteront à Lourdes les intentions des malades du diocèse et les présenteront à la grotte. Ils rapporteront aussi un cierge et de l’eau de Lourdes pour la journée mariale qui sera organisée le 15 août au sanctuaire Sainte-Bernadette. Vous en trouverez toutes les informations sur le site internet du diocèse.

                   En l’absence de grands pèlerinages, notamment à l’étranger, nous avons choisi de privilégier les pèlerinages locaux, dans notre diocèse. Nous ne manquons pas de lieux de pèlerinages, qui furent parfois très fréquentés. Les fêtes patronales de nos villages sont encore célébrées un peu partout, avec plus ou moins d’affluence. Cette année, un programme de pèlerinages locaux est donc proposé, de telle sorte que nous puissions découvrir l’un ou l’autre lieu du diocèse et nous joindre à une proposition faite par l’une des paroisses. Notre territoire est beau et riche dans son histoire et son patrimoine, et un pèlerinage d’une journée dans l’un de ces lieux permet à la fois un ressourcement spirituel, la rencontre d’autres personnes, la découverte d’un patrimoine et un bon bol d’air. Chaque paroisse précisera sa proposition sur son propre site internet (car désormais – c’est une nouveauté – chaque paroisse a désormais son site), et vous trouverez dans le numéro de juillet-août d’Eglise de la Nièvre l’ensemble des propositions. Elles seront également indiquées sur le site du diocèse.

                   Un pèlerinage international sera toutefois proposé cette année, à l’occasion de la Visite ad limina que je vais accomplir à Rome, du 27 septembre au 3 octobre, avec un groupe d’évêques de France. Cette visite est aussi un pèlerinage, sur les tombeaux des saints Pierre et Paul, en même temps que la rencontre de chaque évêque avec l’Evêque de Rome, qui est le Pape. Cette visite aurait dû avoir lieu en mars 2020, mais le premier confinement a eu les conséquences que l’on sait. Il vous sera proposé de vous joindre à ce pèlerinage à Rome, en espérant que le Covid ne nous contraindra pas à reporter une nouvelle fois ce voyage.

                   Enfin nous avons accueilli, à la fin du mois de juin, la Grande Marche de saint Joseph qui a traversé notre département. Après le « M de Marie », qui s’est arrêté l’an dernier dans le Morvan et continue de porter des fruits, c’est saint Joseph qui a été accueilli dans nos paroisses.

    Que Marie et Joseph nous accompagnent sur le chemin d’une nouvelle évangélisation de notre pays nivernais.

    Mgr Thierry Brac de la Perrière, Evêque de Nevers




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     L’événement est malheureusement trop rare, et mérite d’être souligné. Le 12 juin j’aurai la joie de présider la profession solennelle (c’est-à-dire l’engagement définitif) d’une religieuse. Il s’agit de sœur Susanne Lotter, sœur de la Charité de Nevers, la congrégation à laquelle appartient sainte Bernadette. Elle fera donc profession dans les lieux mêmes où l’a célébrée Bernadette, en 1878, peu avant sa mort en 1879.

     A l’époque de sainte Bernadette, le noviciat de Nevers était florissant, le couvent de Saint-Gildard était plein. Aujourd’hui la congrégation des Sœurs de Nevers est en difficulté en France et en Europe, même si elle s’est développée ailleurs, notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie. C’est cette congrégation que Susanne a pourtant décidé de rejoindre, alors même que d’autres congrégations attirent de jeunes religieuses. De même, à Lourdes, Bernadette avait discerné que sa place était là, chez les Sœurs de Nevers, alors qu’elle était d’abord attirée par la vie du Carmel, et que d’autres congrégations avaient cherché à la séduire en lui faisant essayer leur costume. Drôle de discernement ! Mais Bernadette a choisi les Sœurs de la Charité de Nevers parce que c’est là que le Seigneur l’attendait. Et sa vocation était précisément la Charité, à travers le service des malades.

    Aujourd’hui, les Sœurs de Nevers n’ont rien de visible pour attirer : ni costume, ni liturgie monastique, ni effectif jeune et nombreux. Qu’est-ce qui peut donc attirer une Sœur de la Charité, sinon la Charité qui est l’autre nom de Dieu, qui est la vie même du Dieu trinitaire, qui a pris chair dans la personne de Jésus ? Le fondateur des Sœurs de la Charité, Dom Jean-Baptiste Delaveyne, curé de Saint-Saulge, disait à ses sœurs : « N’ayez point d’autres affaires que celles de la charité ; n’ayez point d’autres intérêts que ceux des malheureux ». C’est ce qui fait encore la raison d’être des Sœurs de la Charité, dans les multiples lieux de mission où elles sont implantées, dans la diversité des situations de pauvreté où elles sont engagées.

    La Charité du Christ est et sera toujours le puissant moteur de l’engagement d’une vie. Sans artifice extérieur, dans la pauvreté, dans l’authenticité du don de soi pour les autres, dans la profondeur de la foi, de l’espérance et de l’amour en Dieu, dans la simplicité et le défi quotidien des relations au sein d’une vie communautaire, la vie religieuse est vie d’amour.

     

    + Thierry Brac de la Perrièr
    Evêque de Nevers


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